L'Aigle, le Pivert et les Oiseaux Maximilien Emmanuel-Charles de Malon (18ème siècle)

Un Aigle, dont le vol se perdait dans les Cieux,
Fixait l'attention de la Gent empennée ; -
Elle paraissait étonnée,
Et chacun ouvrait de grands yeux.
On vantait à l'envi sa force, sa souplesse,
Sa légèreté, sa noblesse,
Ses serres et son regard fier.
« Voilà, s'écriait-on, voilà le Roi de l'air !
Dans les plaines de Troye il ravit Ganimède ;
Il est chez les Romains le signe à qui tout cède,
Et c'est enfin l'oiseau de Jupiter. »
Rien de mieux, dit soudain, mais du ton le plus aigre,
Tout en faisant beau bec, un Pivert assez maigre
Que l'éloge semblait fort impatienter.
« Cet Aigle est un Phénix, Messieurs, à vous entendre.
Soit ; Mais écoutez le chanter :
L'aigle n'a qu'un cri rauque. » (Il dut pourtant surprendre
Qu'un pivert sur ce point osât tant insister.)

L'envieux voit toujours un défaut à reprendre.

Fable 12




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