Un Renard des plus fins, mais non des plus friands,
Avait pris un vieux Coq, qu'il emportait aux dents.
Un vieux Coq, dites-vous : ce fut donc par surprise ? -
Apparemment ; car, c'était en plein jour.
Le pauvret ! c'en est fait, s'il ne trouve, à son tour,
Un prompt expédient, pour prévenir la crise
Qui le menace Adieu, ma Poule, mes Poussins ;
La voilà veuve ! ils vont être orphelins !...
Bon ! est-il rien dont ne s'avise
Un vieux Coq ? Ah ! dit-il, quelle tache au soleil !
Que nous annonce, ô Ciel ! un prodige pareil ?...
Mons Renard de lever la tête...
Mais, l'éclat du soleil le fait éternuer ;
Mon nigaud, à ce coup, lâche la pauvre bête,
Qui part, et, le voyant œil fixe et nez en quête,
Sans plus qu'un Terme remuer,
Tant il était resté surpris de l'artifice,
Lui crie : Ami, Dieu vous bénisse !
Et puis, s'allant percher au faîte du logis,
Non loin duquel le Larron l'avait pris :
Tâchez, une autre fois, d'être un peu moins novice,
Poursuit le Porte-crête, et retenez l'avis
Qu'ici l'on vous donne gratis :
De Renard à vieux Coq, c'est de ruse à malice ;
Le temps presse, courez le dire à vos amis !