Par-Devant les Dieux Lares
Et des témoins nommés ad hoc,
Entre deux animaux, l'un Chien et l'autre Coq
Au bruit des joyeuses fanfares
De la dindonnière cité,
Fut conclu, dit-on, un traité.
L'acte portait solennelle promesse
De s'aider réciproquement
Envers et contre tous ; et le bec et la dent
Jurèrent de servir leur commune tendresse.
L'accord fait et signé, les nobles contractants
Regagnent leur manoir. Bientôt pèlerinage
Fut par eux entrepris vers un prochain boccage.
La nuit vient, et nos gens
Cherchent asyle dans les champs.
Sur le arbre l'oiseau, de la patte et de l'aile
Travaillant, grimpe de son mieux :
L'arbre était vieux,
Le Chien fidèle
En son tronc caverneux,
Dont il fait sa logette,
Prépare sa couchette.
Adieu voisin ; chacun dort : le Sommeil
Sur le couple répand, d'une main libérale,
Ses doux pavots. Le Coq, à son réveil,
Dit bonjour à l'aurore, et d'un couplet régale
Oreille du canton. Renard, au fond d'un bois,
Entend cette musique ; il accourt, il s'empresse,
Fait au musicien compliment de sa voix,
Et d'un ton plein de politesse
L'engage à venir dans ses bras ;
Vivement il désire
Témoigner son amour à l'oiseau qu'il admire.
Je descends, dit le Coq, et ne tarderai pas ;
Mais éveillez mon portier, je vous prie. -
Comment l'appelez-vous ? Attendez, dit le Mâtin,
Je vais te l'apprendre, et soudain
Il ouvre sa chambrette, et, sans cérémonie,
Vous étrangle le garnement.
Le faible en agit prudemment,
D'étayer sa frêle existence,
S'il trouve en même endroit et sagesse, et puissance.