Les deux Coqs et le Chien Louis Auguste Bourguin (1800 - 1880)

Un coq était entré dans une métairie ;
Le coq du logis en furie
Vers lui s'élance, et, l'œil en feu,
Pousse un cri prolongé qui déchire l'oreille.
L'étranger s'intimide peu,
Et répond d'une voix pareille.
La querellé dura longtemps,
Chacun par ses Cris éclatants .
Prétend forcer l'autre au silence.
Nonchalamment couché dans la cour au soleil,
Un gros dogue pestait contre leur turbulence,
Qui le privait de son sommeil.
« A mon aide, ô brave Cerbère ! '
Dit le coq de la ferme, un intrus téméraire
Voudrait ici faire la loi, '
Et t'insulte aussi bien que moi ;
Lève-toi, que je le confonde.
— Ami, lui repartit le chien,
Te taire est le plus sûr moyen
D'empêcher qu'il ne te réponde. »

Dans la dispute^ c'est l'usagé,
On veut avoir le dernier mot ;
Pourtant s'obstiner est d'un sot,
Céder le premier est d'Un sage.

Livre V, Fable 13, 1856




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