Certain Roi sur sa tête une couronne avait,
Légitime héritage usurpé par Capet.
Il croyait, à loisir abrutissant la France,
Vers l'absolu pouvair s'avancer à grands pas.
Or donc, un beau matin, il veut qu'une ordonnance
Puisse, à l'instar des lois, régir tous ses États.
Cette majesté peu sensée,
Tranquille au fond de sa pensée,
Du sang de ses sujets compte déjà le prix ;
Annihile leurs droits, lance triple bordée,
Si le peuple à son gré ne marche dans Paris.
Il m'est, disait- il, très facile
D'exhumer les vieux droits de ma noble maison ;
Mon peuple sera bien habile,
S'il ne m'en laisse assez pour user du canon.
De dîmes et d'impôts mon trésor sera rond,
Quoiqu'il soit aujourd'hui de valeur raisonnable.
J'aurai tout en chassant de l'argent bel et bon.
Et qui m'empêcherait de manger à ma table
Les trois quarts du labeur d'un peuple de vassaux,
Né pour entretenir nos cours et nos châteaux ?
Cela dit : tout à coup la ville est insurgée,
Son diadème tombe et la France est vengée !
L'ex-majesté, déposant à regrets
Sa puissance à jamais perdue,
Va s'excuser près de l'Anglais,
En grand danger d'être battue.
Le récit en France en fut fait ;
On l'appela le Roi Bénet.
Quel esprit ne bat la campagne ?
Qui ne fait châteaux en Espagne ?
Guillaume, Don Pedro, le Bourbon, enfin tous.
Pour nos menus plaisirs ici-bas sont les fous.
Charles devient tyran ; il n'est rien de plus doux !
Une flatteuse erreur emporte alors son âme ;
Le bien d'un sujet est à lui,
Sa liberté, voire sa femme.
Il fait au peuple un dési souverain,
Croyant vaincre un Français, comme on tue un lapin.
On l'admire, la France l'aime ;
Les bénédictions vont sur son chef pleuvant ;
Quelqu'accident fait-il qu'il perde un diadème ;
Il est Charlot comme devant.