Un roi de Perse un jour affectait de compter
Des pepins qu'il venait d'extraire de deux poires.
Un courtisan desirant le flatter :
Autant de grains, dit-il, sire, autant de victoires
En ce moment illustrent vos drapeaux.
Insensible à ce vain et servile propos :
J'aimerais mieux, répondit le monarque,
Que ce nombre me fût d'autant d'amis la marque.
Sans doute autant d'amis serait un grand trésor,
Reprit un sage ;
Mais, seigneur, ajouta le même personnage,
Vous pouvez en avoir un plus grand nombre encor :
Suivez le doux penchant que le ciel vous inspire ;
Sur les peuples divers soumis à votre empire
En prince juste et bon répandez les bienfaits,
Et vous aurez autant d'amis que de sujets.