Le Roi, le Courtisan et le Sage Romain Nicolas du Houllay (début 19è)

Un roi de Perse un jour affectait de compter
Des pepins qu'il venait d'extraire de deux poires.
Un courtisan desirant le flatter :
Autant de grains, dit-il, sire, autant de victoires
En ce moment illustrent vos drapeaux.
Insensible à ce vain et servile propos :
J'aimerais mieux, répondit le monarque,
Que ce nombre me fût d'autant d'amis la marque.
Sans doute autant d'amis serait un grand trésor,
Reprit un sage ;
Mais, seigneur, ajouta le même personnage,
Vous pouvez en avoir un plus grand nombre encor :
Suivez le doux penchant que le ciel vous inspire ;
Sur les peuples divers soumis à votre empire
En prince juste et bon répandez les bienfaits,
Et vous aurez autant d'amis que de sujets.

Livre IV, fable 3




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