Le roi de Perse et le Courtisan Antoine Le Bailly (1756 - 1832)

Possesseur d'un trésor immense,
Mais plus riche encore en vertus,
Un monarque persan, émule de Titus,
Signalait chaque jour son auguste puissance
Par mille traits de bienfaisance.
Instruit dans son conseil qu'un mal contagieux
De ses états alors ravageait la frontière,
Il y vole soudain, veut tout voir par ses yeux.
Sa première visite est pour l'humble chaumière.
Combien d'infortunés il arrache au trépas !
Soulager le malheur est son unique affaire ;
Il croit n'avoir rien fait tant qu'il lui reste à faire.
Aussi comme on bénit la trace de ses pas !
Au milieu de la nuit le Roi veillait encore :
- Reposez-vous enfin, seigneur, il en est temps,
Lui dit un de ses courtisans.
Demain, au lever de l'aurore,
Vous reviendrez... -Non pas, répond le souverain.
Ne différons jamais d'obliger le prochain ;
Car on n'a pas toujours occasion pareille.
Le bien que l'on a fait la veille
Fait le bonheur du lendemain.

Livre VI, fable 11




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