Un Roi de Perse, anti-chrétien
Et cependant, homme de bien
Faisait bâtir un palais magnifique ;
Rien n'y manquait, si ce n'est qu'un portique,
Trop était d'une toise ou deux,
Défigurait l'entrée et déplaisait aux yeux.
Pour y remédier il ne fallait qu'abattre
La maison d'un voisin, mais cet opiniâtre,
Quoique pauvre et dans l'embarras,
Refusait tout, honneur, charger, ducats.
Le Roi, peut bien, disait-il, me la prendre,
Mais, je ne le lui donne pas,
Et veux encor moins la lui vendre.
Certains ambassadeurs, de quelques autres cours,
Surpris, choqués de ce discours,
S'écrièrent, faites le pendre,
Sire, montrez quel est votre pouvair.
Le Roi leur dit, sans s'émouvoir,
Il augmente ma gloire, encor par son caprice :
Car, mon palais, ce superbe édifice,
N'est que pure ostentation,
Et sa maison fait voir ma modération.
Un plus grand prince aurait dit, ma justice.

Livre I, fable 4




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