Le Singe et le Miroir Jean-Louis-Marie Guillemeau (1766 - 1852)

Un singe qu'abusait sa sotte vanité,
Et qui croyait vraiment être un beau personnage,
Devant un grand miroir se trouvant arrêté,
Y vit sa ridicule image.
Ne pouvant soupçonner que cet être si laid,
Cette impertinente figure,
Qu'il nommait, en riant, rebut de la nature,
Fût au naturel son portrait,
Du peintre fit sans peine un éloge complet.
Quelqu'un l'interrompant, lui dit pauvre imbécile !
Ce portrait est le tien, tu ne te connais pas...
Le singe alors changeant et de ton et de style,
Soutint que ce miroir était faux, inutile,
Et le fit sur le champ voler en mille éclats.

Du ridicule et des vices des autres,
Nous convenons fort aisément ;
Mais si quelqu'un nous dit : ces vices sont les vôtres,
La scène change, et nous disons qu'il ment.

Livre III, fable 16




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