Le Moucheron et le Miroir qui grossit Jean Héré (1796 - 1865)

Près d'une glace grossissante
Un moucheron passait en bourdonnant ;
La glace courbe lui présente
Son portrait mille fois plus grand.
- Ce miroir est fidèle,
Dit-il en s'arrêtant ;
- Voilà ma taille naturelle ;
C'est bien la grandeur de mon aile ;
Ma trompe est comparable à celle
D'un majestueux éléphant. -

Le moucheron triomphant
Admire avec complaisance
Sa force et son élégance.
Il se croit le roi des airs,
Veut soumettre l'univers
À sa toute puissance.

Il part. - Quel est, dit-il, cet oiseau si petit ? -
Il s'en approche ; l'hirondelle,
Le voyant passer tout près d'elle,
Ouvre le bec et l'engloutit.

Ne nous servons jamais d'un miroir qui grossisse ;
nos yeux seuls nous serions grands ;
Et nous pourrions heurter, à notre préjudice,
Contre aussi vains que nous et contre plus puissants.

Livre I, Fable 16




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