« Je n'y puis plus tenir : ma glace en vérité
D'une étrange façon me change la figure. »
Ainsi parlait un fat que la nature
Avait en marâtre traité.
Sa bouche de travers, les traits de son visage
Bizarrement tournés tout d'un côté,
De son miroir lui semblaient un outrage :
Il le brise dans sa fureur,
Puis en achète un autre. Oh ! le rare bonheur !
Il arriva que l'infidèle glace,
Réfléchissant à faux les rayons lumineux,
De notre fat trompa les yeux
Et lui fit retrouver chaque trait en sa place.
« A présent, se dit-il, j'ai plaisir à me voir :
Ce que c'est que d'avoir un fidèle miroir ! »
Dans pareilles erreurs l'amour-propre nous plonge.
Tout portrait qui n'est pas flatté,
Et que traça l'austère vérité,
N'est, pour l'original, qu'un odieux mensonge.