Richement chargé d'or un âne cheminait :
Sur son passage il trouve un sien confrère
Qui, chargé de fumier, humblement se trainait.
De celui-ci l'allure était moins fière ;
En le voyant, chacun se détournait :
Par l'appât de l'or, au contraire,
On était entraîné vers l'élégant baudet.
Avec un œil de jalousie
Le pauvre et sale Aliboron
Considérait son riche compagnon.
« Pourquoi donc me porter envie ?
Lui dit le baudet chargé d'or :
Il est vrai, je porte un trésor ;
Mais mon fardeau pour moi ne produit rien qui vaille.
Comme toi, le bâton accélère mes pas,
Et comme toi, pour mes repas,
Il faut me contenter de quelques brins de paille. »