L'Âne et le Cheval de bataille Théodore Lorin (19è siècle)

Un âne chargé de fumier,
Honteux de ce fardeau cheminait en silence :
Tout à coup près de lui s'élance
Le fier coursier d'un riche et vaillant chevalier.
Celui-ci, couvert d'or, levant sa tête altière,
En hennissant fait jaillir la poussière.
Le malheureux Aliboron,
Avec une envieuse et jalouse tristesse,
De ce pompeux harnais comparait la richesse
A son triste attirail, quand le bruyant clairon
Sonna le signal des batailles
(Ou, pour dire le vrai, de tristes funérailles).
On se heurte, on combat ; le superbe cheval
Tombe frappé d'un coup fatal.
« Ah ! dit Aliboron, de lui porter envie
J'étais bien sot. Après de fatigants travaux,
En un clin d'œil il voit trancher sa vie,
Tandis que moi, dans ma pauvre écurie,
Je vais du moins jouir d'un doux repos. »

Livre VIII, Fable 18




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