L'Âne chargé d'éponges et l'Âne chargé de sel Charles Beaulieu (19ème)

Pour exercer notre philosophie,
Ne dirait-on pas que la pluie,
Et le beau temps, s'alternant tour-à-tour,
Se sont de la saison partagé chaque jour
C'est ainsi que sur cet ensemble,
Deux ânes raisonnaient en cheminant ensemble, -
Et là dessus, dissertaient gravement,
Sur le pourquoi, sur le comment :
L'un d'éponges chargé, trouvait qu'aux jours de pluie,.
Le ciel pour l'alléger, l'oubliait trop souvent ;
L'autre, chargé de sel, des beaux jours mécontent
Disait le ciel, je crois, veut que tout seul j'essuie
Les rigueurs qu'un beau temps ajoute de nouveau,
A mon fardeau.

Que conclure de là, sinon, que dans la vie,
Ce qui peut chez les uns être un sujet d'envie,
Peut par raisons, ou bien par appréhension,
Chez d'autres en être un de malédiction ?

Livre II, fable 10




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