L'Alouette et la miroir Jean-Baptiste Brossard (1820 - 18?)

Vive et follette,
Une jeune Alouette
Montait, montait s'ébaltant dans les airs,
Qu'elle emplissait de ses joyeux concerts ;
Veillant sur ses filets, qui paraissaient à peine,
Un oiseleur, blotti dans un coin de la plaine,
Pour attirer l'oiseau, sans bruit faisait mouvoir
En tous sens un miroir,
Qui, du soleil levant reflétant la lumière,
D'éclats éblouissants de façon singulière
Inondait, tour à tour,
Tous les lieux d'alentour.
De notre réjouie,
Par ces feux chatoyants vivement éblouie,
Grand et profond fut l'ébahissement ;
Mais, au bout d'un moment,
Se trouvant sous l'empire
D'un charme sans pareil et voisin du délire,
Ont la vit fendre l'air d'un vol impétueux
Et fondre, en tournoyant, sur le point lumineux
D'où jaillissent au loin ces clartés ravissantes
Qui sillonnent les airs de leurs traces brillantes.
Arrivée assez près du foyer lumineux
D'où sortent chatoyants, miroitant, pleins de feux,
Ces jets étonnants de lumière,
Toujours changeante, irrégulière,
La belle fascinée approche, approche un peu,
Pour mieux en admirer le jeu,
Quand tout-à-coup la perfide tirasse
L'enveloppe et l'enlace ;
Prise dans le ûlet, d'où nul oiseau ne sort,
L'imprudente subit son misérable sort.

Aussi folle que l'Alouette
Plus d'une fille d'Eve, assez jeune et coquette,
Se laisse prendre à ces riches miroirs
Où, sous mille couleurs, reluisent tous les soirs
Et la soie éclatante et le fin cachemire,
Qui font de la beauté le charme et le délire.





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