La Colombe et la Pie Eugénie et Laure Fiot (19ème siècle)

Une colombe, exemple de douceur,
A tout le monde avait su plaire.
Par son excellent caractère
Et par son langage enchanteur ;
Obéissante,
Et caressante,
Au dehors et dans son logis,
Elle s'était fait des amis :
Son maître ainsi que sa maîtresse
Aimaient à lui donner, pour marques de tendresse,
Bonbons, baisers, gâteaux : elle prenait son thé,
En personne de qualité ;
On l'appelait des noms de mon cœur et mignonne,
Elle plaisait même à la bonne
Qui, sans elle, ne faisait pas
Un pas
Le chat, avec sa patte, en forme dé caresse,
Sur son dos prenait ses ébats,
Et lé chien, la flattant sans cesse,
t'entourait de soins délicats.
Elle passait ainsi si vie
Sans nul souci, sans nul chagrin :
Le voisinage d'une pie
Vint troubler son heureux destin,
ta colombe bientôt la prenant pour amie,
Elles se virent chaque jour,
Sur le balcon et dans la cour ;
Ce fut d'abord secrètes confidences,
Légèretés, même imprudences ;
On sautillait ;
On babillait ;
Puis, l'on sortit folâtrer dans la rue,
Sans pudeur et sans retenue*
La chose en vint au point qu'en un court avenir,
Comme la pie, on vit colombe devenir
Bavarde, insolente, menteuse,
Enfin voleuse.
Notre colombe alors perdit son beau renom,
En perdant la Candeur, la grâce, le bon ton.
Plaisirs, amitiés, caresses.
Honneur,
Bonheur,
Tout disparut, avec ses gentillesses.
Laçage devint la prison,
Dont sa conduite fut punie.

Il vaut mieux seul rester à la maison
Que de hanter mauvaise compagnie.

Fables nouvelles, Livre IV, Fable 17, 1851




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