La Pie et la Colombe Simon Pagès (17ème siècle)

Y pensez-vous ? complaisante voisine ?
Je vous vois dépérir, hélas! sensiblement,
Pour une commère trop fine,
Qui tous les jours étourdiment
Médit de vous, pauvre cousine !
Laissez sa couvée un moment ;
Allons faire une promenade ;
Certainement vous vous rendrez malade.
Prenant un ton compatissant,
Ainsi la plus mauvaise pie
Se servait de la fourberie,
Pour faire des petits un repas succulent,
Le tendre oiseau, connaissant la harpie,
Pour les sauver, lui répond en tremblant :
Si ma cousine tourterelle
Parle si mal de ses parents
Moi je n'ai qu'a me louer d'elle :
Voila, voila mes sentiments ;
Je suis pour ses petits une mère fidèle.
Au même instant paraissent deux chasseurs,
Et d'un plomb meurtrier notre pie est atteinte.
Elle poussait une inutile plainte,
En vain déplorait ses malheurs :
La colombe lui dit au fort de sa souffrance :
Ne perdez pas de temps, connaissez vos erreurs,
Et détestons la médisance.

Livre II, Fable 9




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