La Pie et la Colombe J-M Henri Tinténiac (17?? - 1805)

La pie et la colombe avaient de compagnie
Fait on grande cérémonie
Une visite au paon, grand seigneur sans façon.
Celui-ci, comme un vieux garçon,
Et ceux qui ne sont pas en puissance de femmes,
Était fort amoureux des dames,
Et leur débitait des douceurs,
Pis qu'on vendent les confiseurs.
Après avoir tant ouï que dit force fadaises,
Elles s'en revenaient, d'être seules fort aises,
Et jacassaient comme deux sœurs :
Que ce paon me déplaît, dit la méchante agasse ;
Ah ! que fort les nerfs il m'agace,
Et quels désagréables sons !
Quand il parle, on dirait qu'il choque des chaudrons ;
Que sa chanson est monotone,
Et ses pieds ! mais quels pieds ! ma chère, des battoirs 1
Il devrait les cacher, tant ils sont laids et noirs.
Moi, je vous avouerai, ma bonne,
Répondit la colombo assez ingénument,
Que je n'ai nullement
Observé les défauts de ce sot personnage,
Mais j'ai fort admiré
L'élégance de son corsage
Qu'on dirait de satin et d'or tout chamarré,
Et sa brillante queue à l'éclat bigarré,
Ne le cédant en rien aux pierres précieuses,
Et dont nous serions envieuses.

Sur ce que de mauvais ils trouvent chez autrui,
Les méchants ont plaisir à déverser leurs blâmes ;
Au contraire, les bonnes âmes
Veulent louer le bon qu'elles croient voir en lui.





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