Un gros brochet, tyran d’une rivière,
(Car il est des tyrans sous l’eau, comme sur terre,)
Un brochet, donc, chez les poissons
Portait la terreur et la guerre ;
A son tour il craignait les cruels hameçons :
Pécheurs ne lui laissant de trêve.
Déjà pris, il s’était, en brisant les engins,
Plusieurs fois soustrait à leurs mains,
Alors que brusquement la ligne se relève.
Un pêcheur, plus adroit, lui tendit des appâts;
Le glouton vient, y mord, puis en fait son repas.
Mais le liège, en plongeant, annonça l’aventure.
« Bon ! se dit le pécheur, assurons sa capture,
Patience! attendons. » Il attend, en effet:
Après un temps très-court, il voit, notre, brochet
Des eaux effleurer la surface.
Attirant vers le bord cet animal vorace,
Le pêcheur le saisit, le prend,
Et, tout joyeux, incontinent,
Le met dans sa besace.
En tout, pour réussir, courage et patience
Valent bien mieux que ruse et violence.