Le Chat et le Renard Eugénie et Laure Fiot (19ème siècle)

Un chat, un renard, prés d'un bois,
Parlant de la pitié, vantaient ses douces lois.
C’était un grand sujet, digne de leur faconde!..
Il ne s’était dit, dans le monde,
Rien de plus chaleureux, 7
Ni rien de plus heureux!..
Toutefois, dans le voisinage
Et sur les bords d’un clair ruisseau,
Un loup avide de carnage,
Sous leurs yeux, saisit un agneaux
Qu’il dévora à l'instant. Le chat dit: « Quel sauvage !...
Quelle cruauté! quelle horreur!
Vit-on jamais tant de fureur! >
« Oh! » reprend le renard : « Cet affreux sacrifice,
Ce forfait inouï mérite le supplice{..
Mais en ce moment il advient
Qu’un coq pour boire au ruisseau vient ;
Soudain cédant à sa malice,

Notre renard le croque incontinent.
De son trou sort, a l'étourdie,
Une jeune souris; et notre ‘chat la prend :
Adieu donc la philosophie !!

L'homme, en autrui, toujours reprend,
Ce qu'en lui, souvent il excuse :
Et, si par de grands mots, d'abord, il nous surprend,
Nous éblouit et nous abuse,
Fort et riche de diction,
On le trouve enfin faible et pauvre d'action.

Fables nouvelles, Livre II, Fable 14, 1851




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