Un chat, un renard, prés d'un bois,
Parlant de la pitié, vantaient ses douces lois.
C’était un grand sujet, digne de leur faconde!..
Il ne s’était dit, dans le monde,
Rien de plus chaleureux, 7
Ni rien de plus heureux!..
Toutefois, dans le voisinage
Et sur les bords d’un clair ruisseau,
Un loup avide de carnage,
Sous leurs yeux, saisit un agneaux
Qu’il dévora à l'instant. Le chat dit: « Quel sauvage !...
Quelle cruauté! quelle horreur!
Vit-on jamais tant de fureur! >
« Oh! » reprend le renard : « Cet affreux sacrifice,
Ce forfait inouï mérite le supplice{..
Mais en ce moment il advient
Qu’un coq pour boire au ruisseau vient ;
Soudain cédant à sa malice,
Notre renard le croque incontinent.
De son trou sort, a l'étourdie,
Une jeune souris; et notre ‘chat la prend :
Adieu donc la philosophie !!
L'homme, en autrui, toujours reprend,
Ce qu'en lui, souvent il excuse :
Et, si par de grands mots, d'abord, il nous surprend,
Nous éblouit et nous abuse,
Fort et riche de diction,
On le trouve enfin faible et pauvre d'action.