Le Vautour qui s'était converti Eugénie et Laure Fiot (19ème siècle)

Un vautour s'était converti.
La conversion tiendra-t-elle?
Nous verrons. Le certain, c'est qu'il prit le parti
D'arrêter sa serre cruelle,
« Quoi ! disait-il, manger l'innocent oisillon !
Vivre de meurtre est chose indigne.
Je veux désormais de Caton
Me placer sur la ligne. »
Mais tandis qu'au bois il vivait
Sagement de la sorte,
Le diable était à sa porte :
Nuit et jour il le tourmentait,
Et notre nouveau saint sans cesse combattait.
Mais, un soir; au pied d'une roche,
Il voit de beaux pigeons ; sur le champ s'en approche,
Et mettant ses vœux en Oubli,
Les croque tour à tour sans se faire un reproche...
Notre vantour dès lors reprend son ancien pli.

L'homme, par la raison, peut dompter la nature,
Et souvent, son âme plus pure,
Convertir la haine en amour,
Le vautour au cœur sec resté toujours vautour.

Fables nouvelles, Livre V, Fable 5, 1851




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