La Tortue et le Caïman Fables américaines

Une Tortue, aux bords de l'Orénoque,
Pondait ses œufs dans le sable brûlant,
Pas assez chaud pour les cuire à la coque,
Mais juste à point pour faire éclore à temps

De Tortuaux toute une ribambelle.
Elle croyait déjà les voir courir,
Sortis de l'œuf et grouillant autour d'elle,
Et souriait à ce doux avenir.

Un Caïman allongé sur le sable
D'un air gracieux lui fit son compliment,
Guettant d'un œil le moment favorable
Pour se payer un déjeuner friand.

« Oh ! des œufs frais ! cela fait mon affaire :
Le noir que j'ai croqué me laisse un poids
Sur l'estomac depuis la nuit dernière :
Je le prendrai plus tendre une autre fois ! »

Quand, au bout d'un mois, madame Tortue
Revint pour chercher ses petits enfants,
Elle ne trouva que la terre nue,
Et le Caïman qui, l'apercevant,

Se mit à pleurer sur le sort néfaste,
De la pauvre mère, en la consolant,
Tandis que tout bas il grommelait :
Les œufs, le matin, c'est rafraîchissant ! »

De faux dehors, le méchant,
Très souvent s'habille,
Méfiez-vous, mes enfants,
Des pleurs du Crocodile.





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