Je n'ai pas fini de vous parler singe.
Comme eux j'aurai plus d'un tour dans mon sac,
Car je les ai vus, foi de vieux Gomminge,
Quand dans la forêt j'avais mon hamac.
Oui, je les ai vus se suspendre aux branches,
Faire du gymnase, amateurs de l'art,
Des redressements, des effets de hanches,
Et des sauts hardis comme Léotard.
Oui, je les ai vus fourrer leurs babines
Dans les fruits gommeux du haut balata,
Sur des flamboyants lécher leurs tartines,
Et connais leur goût pour le chocolat.
Car le chocolat d'un arbre découle
(Le saucissonnier fait le saucisson),
Il n'est pas besoin de dire à la foule,
De quelle façon commence son nom.
Une gousse énorme et pleine d'amande,
Pousse au ras du tronc du cacaoyer
De drôle façon, Singe se demande
Comment il pourra se l'approprier.
Il grignote un peu son écorce amère,
En faisant un trou tout juste assez grand
Pour glisser sa patte, et gourmand compère.
Pressé de jouir, fourrage au dedans.
Le fruit se détache en une secousse,
Mais son poing gonflé, d'amandes trop plein,
Ne peut plus sortir, il traîne sa gousse
Comme casserole à la queue d'un chien.
Gêné par le poids du fruit qu'il balance,
D'un effort au bras il sent la douleur.
A ses cris plaintifs, un planteur s'avance,
D'un coup de bâton punit le voleur,
Qui s'enfuit, penaud, au sommet des branches,
Sans son cacao, hué par les siens,
Et tous ricanaient, montrant leurs dents blanches :
Qui trop embrasse mal étreint.