La Mort et le Mourant Frédéric Jacquier (1799 - 18?)

La Mort, la laide Mort, railleuse et goguenarde,
Se tenait auprès d'un mourant
(La veille encor très-bien portant),
Pour lui servir d'éclaireur, d'avant-garde,
Lorsque arriverait le moment
Du dénouement.
« Tu ne me trouves pas, je le vois, bien jolie !...
Je crois que c'est avec regret
Qu'il te faut quitter cette vie !...
— Tu te trompes, je suis tout prêt.
Quelques ans de plus, que m'importe ?
Il faut toujours en vernir là
Tôt ou tard : bien convaincu de cela,
J'ai fait, ma. chère amie, en sorte
D'être toujours dispos à te bien recevoir,
Lorsqu'il te conviendraitde frapper à ma porte,
Et de venir à mon chevet t'asseoir.
Pour cela j'ai tenu chaque jour mes affaires
Très au courant, et parfaitement claires.
Et puis, quelque chose de mieux !...
Je suis en règle avec les dieux !...
J'ai fait plus ! pour le grand voyage
J'ai commandé mon' trousseau ! vois là-bas
Ces quatre planches, ces deux draps !...
Il n'est besoin d'autre bagage !...
Partons !... » H la suit sans effroi.

Mon maître l'a dit avant moi :
La Mort ne surprend pas le sage.





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