Tout émaillé des plus belles couleurs,
Un papillon près d'une abeille
Caressait la rose vermeille,
Puis courait voltiger sur le sein d'autres fleurs.
Un enfant le voit et s'écrie :
» Ah ! Papa, le beau papillon !
Je vais le prendre, oh ! Oui, je le parie...
Mais cette mouche avec son aiguillon
Me cause une frayeur extrême ! »
» Papa, viens la tuer - Mon fils, viens-t-en toi-même, »
Lui dit le père, et donne- moi la main. »
L'enfant accourt et se laisse conduire.
Ils arrivent bientôt vers le fond du jardin :
>> Vois, mon ami, vois ces gâteaux de cire,
Ces palais suspendus ; quel ordre ! quel dessin !
Contemple ce travail, regarde tout, admire ;
Goûte de ce miel pur, de ce nectar divin...
Tu le trouves bien bon ! Sais-tu qui le distille ?
Cette mouche s'occupe à ce travail utile,
Et nous comble de ces présents.
Maintenant viens aussi sous ces vertes charmilles ;
Tiens, regarde, vois-tu ces flocons de chenilles
Infester les rameaux naissans ?...
Vois s'étendre partout ces rampantes familles
Et dévorer les trésors du printems.
Eh ! bien du papillon ce sont- la les enfants.
Méritent-ils tous deux une estime pareille ?
L'un a des ailes d'or et l'autre un aiguillon :
Si tu viens d'admirer l'ouvrage de l'abeille,
Voilà, mon fils, celui du papillon, »