L'Aigle et la Flêche Frédéric Rouveroy (1771 - 1850)

Un aigle s'envolait, une flèche perfide
Part, s'élève, fend l'air et le frappe à l'instant :
» C'est en vain que tu fuis, dit- elle, en le perçant,
Je vole et je t'atteins dans ta course rapide... »
Va, calme cet orgueil, tu ne dois ta vertu
Qu'à cet arc qui te lance, à cet œil qui te guide.
Parle, sans eux que serais-tu ? »
Que serais-tu, jeune homme encore imberbe,
Au regard dédaigneux, à la marche superbe,
Petit cousin d'un fournisseur ;
Toi, du premier ministre intrépide flatteur ?
Qui, prodiguant partout l'encens adulateur,
Et toujours intriguant, sollicitant sans cesse,
Loin d'offrir au mérite un favorable appui,
Sais l'écarter avec adresse :
Puis, te plaçant entre le prince et lui,
Des services d'un siècle obtiens la récompense ?..
L'orgueil chez toi tient lieu de la naissance,
L'or supplée aux talents ainsi qu'à la vertu ;
Faible instrument de la puissance,
Sans les bontés du prince, hélas ! Que serais-tu ?

Livre II, fable 6




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