Le vent soufflait dans la campagne
Déracinant sapins, ormeaux,
Et, du vallon à la montagne,
De la chaumière et des châteaux,
Faisait voler vitres et tuiles.
Un vitrier qui, loin des villes,
Allait exercer son métier,
Disait : « Vive le temps d’orage !
Il me procure de l’ouvrage ;
Quel beau temps pour un vitrier ! »
Disant ces mots, il s’achemine
Vers ses pratiques des hameaux
Avec son verre sur le dos,
Tout en faisant joyeuse mine.
Mais à vingt pas de sa maison,
Il sentit doubler la tempête,
Et notre homme, perdant la tête,
Cassa tout son verre, dit-on.

Tel se rit du malheur de tout son voisinage,
Qu’il s’attende à souffrir un jour;
Ici bas chacun a son tour,
Pour subir les coups de l’orage.

Livre II, Fable 12, 1856




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