Dieu ne peult estre deceu,
A l'heure que nous pechons,
Des hommes nous nous cachons ;
Mais, tant soit secret le lieu,
N'y arien caché A Dieu.
Deux jeunes filz feirent semblant —
De marchander quelque viande ;
L'ung, asseuré et non tremblant,
Ce pendant que Paultre marchande,
Desrobe une pièce de chair,
Et a son compaignon la livre,
Soubz son manteau luy faict cacher
Affin qu'après en puissent vivre.
Le cuisinier la demandant,
Tous deux ignorent sur ce pas ;
Le larron fut lors respondant
En disant qu'il ne Pavait pas,
Le receleur en s'excusant
Luy dict qwil ne Pavait pas prise.
Ainst vont cest homme abusant
Sans trouver. dessus eulx. reprise.
Le cuysinier, voyant la faincte
Et qu'il ne la pouoit ravoir,
« J'adresse (dict-il} ma complainte
A celluy qui peult tout s¢cavoir :
Le larron m'est ores caché;
Mats Dieu, quivoid et prés et loing,
Cognoist assez vostre peché,
Et en est le juge et tesmoing. »
Titre original : Des deux adolescens