Fable 1
De rang une dispute entre les animaux
S'éleva ; «choisissons, leur dit un des plus beaux,
Le cheval, «oui, prenons l'homme pour notre arbitre ;
« Neutre dans nos débats, il mérite ce titre.
Mais, répond une taupe en élevant la voix,
Peut-il par ses talents justifier ce choix ?
Ils seront distingués si, sans qu'on le seconde,
Il sait apprécier notre valeur profonde.
Fort bien ! dit le mulot. Moi, dit le hérisson,
Je ne prise que peu sa pénétration.
Taisez vous, envieux», dit le cheval plus sage ;
Je ne savais que trop, avant votre suffrage,
Que, sur.sa cause moins on a droit de compter,
Plus aux juges toujours on aime d'insulter. »
Fable 2
L'homme est pris pour arbitre. « Écoute, encore un mot,
S'écria le lion, puis prononce aussitôt.
Tu veux apprécier, homme, notre mérite ;
Quelle règle en cela, dis moi, t'es-tu prescrite ?
— Quelle règle, lion ? Celle d'utilité
Que peut de vos travaux tirer l'humanité.
Fort bien ! dit le lion piqué de la réponse ;
Près de l'âne que suis-je alors ? rien ; je t'annonce
Que si ton jugement plait, ce n'est pas à moi ; »
Je te récuse donc, homme ; retire toi.
Fable 3
L'homme se retira. « Vois-tu, dit au cheval
Avec un air moqueur, le chétif animal
Portant nom taupe, (ici l'on voyait les deux autres,
Hérisson et mulot sourire en bons apôtres)
Le vois-tu ; le lion partage notre avis,
Et l'homme à nous juger n'a pas droit d'être admis.
C'est vrai, dit le lion, l'avis je le partage ;
Mais sachez, malheureux, qu'il est à mon usage. »
Fable 4
« Ce futile débat, si je m'y connais bien»,
Dit enfin le lion, «ne nous conduit à rien ;
Croyez moi, s'il se peut, des animaux le moindre,
Croyez moi votre égal, je ne veux pas m'en plaindre ;
Je me connais, suffit ». A ces mots, le lion
Abandonne le champ de la réunion.
Le tigre, l'éléphant doué de la sagesse,
L'ours grave et le- cheval à l'air plein de noblesse,
Le renard si fertile en ruses ; en un mot,
Tous ceux qui se sentaient satisfaits de leur lot.
Du superbe lion veulent suivre la trace ;
Mais, ceux que consterna Je plus cette disgrâce,
Qui, le plus à regret s'éloignèrent enfin,
furent... le singe et l'âne accusant le destin.
En quatre fables