Jupiter, à sa cour, fêtait son mariage,
Et tous les animaux portaient, selon l'usage,
Leurs dons au roi des Dieux. La timide brebis
Ne parut point ; l'Olympe en demeura surpris.
« Où reste la brebis, demanda la Déesse
Héroïne du jour ; Est-ce ainsi que s'empresse
La pieuse brebis d'apporter son présent ?
Reine ! lui dit le chien, votre ressentiment
Serait, contre elle, injuste ; aujourd'hui je l'ai vue ;
Elle se lamentait, était triste, éperdue.
D'où vient cela ?» reprit la sensible Junon.
— Hélas ! s'écriait-elle en son affliction,
A présent je n'ai plus ni mon lait ni ma laine.;
Qu'offrir à Jupiter ? Dans ma cruelle peine,
Seule irai-je, sans don, me présenter à lui ?
Non, jamais ; que plutôt le berger, aujourd'hui
M'offre (je l'en prierai) moi-même en sacrifice. »
À regret le berger lui rend ce triste office ;
Sa prière et l'odeur en montent jusqu'aux deux,
Et l'Olympe accueillit ce don religieux ;
Junon même, à pleurer aurait trouvé des charmes,
Si des yeux immortels pouvaient verser des larmes.