« J'ai besoin, dit Pluton au messager des Dieux,
D'employer, pour ma cour, tes soins officieux.
Les services et l'âge ont usé mes furies ;
Ne pouvant espérer de les voir rajeunies,
J'en veux d'autres. Pars donc ; en tous lieux cherche moi
Trois femmes, à ton gré, propres à cet emploi.
Mercure vole. « Iris, chère Iris », dit ensuite
La superbe Junon à celle qu'à sa suite
Elle mène souvent ; « Peux-tu, chez les mortels
Me trouver trois sujets dignes de leurs autels ;
Trois filles qui, toujours à des amants rebelles,
À la chaste Diane ont demeuré fidèles ;
Trois filles, dont jamais la mère de l'Amour
N'ait triomphé; tu sais, qu'à chaque instant du jour,
Son orgueil en prétend la recherche inutile ;
Va, cours et me les trouve aux champs ou dans la ville.

Iris part ; et, d'après cet ordre souverain,
Elle cherche partout, mais... partout c'est en vain ;
Seule elle arrive— «quoi ! tes peines sont perdues !
« O chasteté! pudeur ! qu'êtes-vous devenues ?
S'écria la Déesse. — Il est vrai, dit Iris,
Que naguère existaient trois filles que Cypris
N'aurait pu réclamer ; trois filles que Diane
Neût pu considérer comme un trio profane ;
Toutes trois, de l'amour méprisant les douceurs,
Et contre tout mortel ayant armé leurs cœurs.
Elles étaient à Vous, si l'habile Mercure
N'en eût fait, à l'instant, pour Pluton sa capture.
— Pour Pluton ! que dis-tu, qu'en veut faire Pluton ?
— De chaque une furie excellente, dit-on. »

Livre II, fable 28




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