Mégère, Alecto, Tysiphone,
Vieillissaient aux enfers. Car on vieillit partout.
Un jour Pluton, s'égayant sur son Trône,
Dit à Mercure : on connaît ton bon goût,
Fils de Maïa; tu vois, nos trois pucelles
Sont sur les dents. Va faire un tour là-haut
Pour en déterrer de nouvelles,
Et me les amène au plutôt.
Il dit. Mercure part. Junon , ce jour-là même,
Appelle Iris : viens ça, ma chère Iris,
Viens-ça. Tu me connais et tu fais si je t'aime.
Fais-moi raison de l'arrogance extrême
De cette folle de Cypris,
Qui soutient avec impudence
Que le sexe par excellence
Fléchit tout entier sous ses lois,
Et qu'en son cœur au moins toute femme l'encense.
Va m'en chercher, là, deux ou trois,
Vertueuses à toute outrance,
Pour la rembarrer une fois,
Et la réduire à garder le silence.
Elle dit. Iris vole . Où n'alla-t-elle pas ?
Dans quel coin de la terre
L'infatigable Messagère
Ne porta-t-elle point ses regards et ses pas ?
Ses recherches et les peines
Furent vaines :
Junon la vit retourner
Triste et sans rien amener.
Hélas ! s'écria la Déesse,
Qu'êtes-vous devenue, ô pudeur ! ô sagesse !
Reine des Dieux ! dit la dolente Iris ,
Point de soupçons, surtout point de mépris :
Malgré l'Amour et sa mère,
J'avais trouvé votre affaire :
Trois filles, filles d'honneur,
Et d'une vertu sévère,
Vrais miracles de pudeur.
Mais j'ai joué de malheur.
Comment cela ? - Je suis venue
Un moment trop tard. A ma vue,
Et sous mon nez, Mercure, ce fripon,
S'en est emparé pour Pluton.
Tu me contes des rêveries ;
Qu'en ferait Pluton - Des Furies.