Le Villageois et le Brigand Ivan Krylov (1768 - 1844)

Un jour, d'un petit bien nouveau propriétaire,
Un villageois achète une vache au marché,
Avec un grand seau pour la traire ;
Puis , le soleil étant couché,
A travers la foret, par un sentier très-sombre.
Il reprend son chemin sans craindre aucun encombre.
Tout à coup un brigand, sorti du fond du bois,
Comme un poisson sans eau le met nu sur la place.
« Pitié ! dit en pleurant le pauvre villageois,
Me voilà par tes soins réduit à la besace.
J'ai, toute une année, amassé
Dans l'espoir d'acheter ma vache ;
Le jour où je l'obtiens n'est pas encor passé,
Qu'un maudit voleur me l'arrache.
— Allons, ne pleure pas, dit le brigand touché;
Ta vache , en somme , est bonne à vendre,
Je ne la trairai point. Tiens , ne sois plus fâché,
Voilà ton seau, tu peux le prendre. »

Livre V, fable 5


Dans cotte fable, pou flatteuse pour notre susceptibilité nationale. Krilof s'élève contre l'engouement dos familles russes pour les instituteurs Français. auxquels ils ne confient pourtant l'éducation de leur enfants qu'avec une certaine appréhension des idées plus que libérales qu'ils pourraient leur suggérer.

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