La Vigne vierge Jacques Peras (18è)

Un Paysan de bon sens, d'esprit mûr,
Entrant un jour dans un Auberge,
Aperçut une Vigne-Vierge
Qui tapissait la surface d'un mur.
Ah ! ah ! dit-il, cette verdure
Est là placée on ne peut mieux ;
Mais n'est-ce pas une parure,
Et ne voudrait-on pas dérober à nos yeux
Quelque difformité d'une vieille mazure ?
Approchons-nous, examinons de près.
Etant au pied de la muraille
Il écarte les branches. Mais,
S'écria-t-il, quoi ! ce n'est rien qui vaille :
Le dessus parait bon, c'est graine de niais,
Et le dessous ne vaut pas maille.

Plus d'un Faquin, dans un Bureau,
Pare d'un Emploi d'importance,
Fait le quelqu'un, l'homme de conséquence,
Et ce n'est rien moins qu'un zéro.
Cette Fable vient mieux, je pense,
Aces hommes présomptueux
Qui n'ont de beau que l'apparence,
Et dont l'intérieur est très défectueux.

Livre I, fable 8




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