Les deux Oiseaux Jacques Peras (18è)

Tendre Elève de Polymnie,
Aimable et jeune DE LA TOUR,
Les fons de votre voix rendent l'âme ravie ;
Vous embellissez chaque jour,
Vous nous charmez dès votre aurore :
Les Grâces forment vos appas,
Et ce qui vous illustre encore,
C'est d'être belle, et de n'y penser pas.
Vos attraits appuyés sur un rare mérite,
Quand vous paraîtrez au grand jour,
Par des foins empressés, des compliments d'élite
Chacun viendra pour vous faire sa Cour ;
Mais la Louange est un poison funeste
Qu'il est beau néanmoins de pouvair mériter,
Et, il s'agit de l'écouter,
On ne peut être trop modeste :
L'amour propre et l'orgueil font briller les défauts.

Certain Fluteur instruisait deux Oiseaux,
Tous deux avaient un gosier admirable ;
L'un en était si prévenu
Qu'il en devint insupportable ;
L'autre au contraire était soumis, affable,
Et l'avis du premier venu
Plus d'une fois lui fut très- profitable.
Le Maitre tous les jours leur donnait des leçons,
Et l'Orgueilleux faisait si de l'entendre :
L'Humble par de justes raisons,
Sentait qu'on peut toujours apprendre.
Enfin le Maître las de l'orgueil du premier,
Lui fit cette courte Morale :

Vous vous croyez un talent singulier,
Mais trop de gloire est souvent très-fatale ;
A quelque rang qu'on se trouve monté,
La fierté de nos cœurs devrait être proscrite.
Un esprit de docilité
Illustre toujours le mérite.

Livre I, fable 7




Commentaires