La Mésange et l'Aigle Jean-Auguste Boyer-Nioche (19è siècle)

Sautillant, voletant de buissons en buissons,
Malgré l'hiver, malgré la rigoureuse haleine
De l'aquilon fougueux déchaîné dans la plaine,
La mésange gaîment redisait ses chansons.
L'oiseau du maître du tonnerre,
Ne trouvant rien de mieux à faire,
Jusqu'à la terre descendit,
Passa près d'elle, et l'entendit.
Tout en face de la chanteuse
Voici l'oiseau divin perché.
Tu me parais bien malheureuse,
Dit-il, j'en suis vraiment touché.
Pauvre petite créature !
Comment peux-tu de la froidure
Supporter ainsi les rigueurs ?
Mais comme ton plumage brille,
Paré d'agréables couleurs !
Ma foi, je te trouv e gentille ;
Du peuple ailé crois-en le roi.
Allons, pose-toi sur mon aile ;
Point de retard, décide-toi,
Et gagnons la voûte éternelle.
Viens, je veux montrer à tes yeux
La majesté du dieu des dieux,
Et tout l'éclat qui l'environne ;
Nous vivrons au pied de son trône.
La mésange répond : Au céleste séjour
Tu peux retourner seul ; je ne puis me contraindre
A quitter mes buissons. Adieu, merci, bonjour.

Plus on s'élève haut, plus la chute est à craindre.

Livre II, fable 5




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