L'Arbre et le Fermier Jean-Baptiste Voinet (1976 - ?)

« Voyez cet arbre-ci
N’est-ce pas un souci,
Qu’il ne donne rien, qu’il soit stérile ?
Je m’en vais m’en charger
Je vais m’en occuper.
Dans le feu, il sera plus utile, »
Affirmait un fermier,
Devant un cerisier,
Qui n’apportait plus de nourriture,
Depuis plusieurs printemps.
Ainsi, fort mécontent,
Il lui fallait prendre des mesures.

Il saisit ses outils,
D’un devoir investi,
Et se dirigea plein de hardiesse,
Vers l’arbre décevant
Certes encor vivant
Mais qui ne valait plus une pièce.
Un grand coup retentit,
La hache s’abattit,
Sur le tronc de l’arbre centenaire,
Sortirent de son bord,
Des cigales, d’abord,
Puis enfin un grand-duc solitaire.

Car en cette saison,
L’arbre était leur maison,
Ils ne souhaitaient pas que l’on y touche,
D’ailleurs, qu’auriez-vous fait
Vous, devant ce forfait,
N'auriez-vous pas ouvert votre bouche ?
Nos tout petits amis
Et notre oiseau de nuit,
Voulaient conserver leur résidence,
Le hibou, le premier
À l’endroit du fermier,
Tenta de signaler sa présence.

C’est notre toit, notre demeure,
Et nous mourrons aussi s’il meure.

L’homme avait très bien vu
Les animaux confus
Pourtant, il ne retint pas son geste,
« Mais, regardez plutôt
Oui, regardez plus haut,
C’est un nid d’abeilles, sans conteste ! »
Soudain rempli de zèle
Il se saisit du miel,
En abandonnant là sa hachette.
Sur terre et dans les cieux,
Peut-on poser les yeux,
Sur tout ce qui ne s’achète
Pas.

mai 2022


Un message tourné vers la nature.

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