Un jour, certain corbeau
Rencontre en un bocage
L'oiseau coucou, lui dit : votre ramage
Me plait, il est tendre, il est beau ;
Les rossignols et les fauvettes,
Quand ils chantent leurs amourettes
Me divertissent moins que vous :
Rien ne peut égaler votre charmant coucou ;
Le mode en est touchant ; la belle mélodie !
Si dans votre art j'avais quelques prétentions,
Je viendrais sans cérémonie
Vous demander des leçons.
Quoi ! monsieur le corbeau se plait au badinage ?
Je suis charmé que mon ramage,
Répondit le coucou, puisse vous divertir ;
On peut donner carrière à son plaisir,
Quand on est si parfait qu'on ne peut rien reprendre,
Comme chez vous maître corbeau.
Ah ! vous chantez si bien et vous êtes si beau,
Que l'on voudrait toujours vous voir et vous entendre.
Un petit couplet, sans façon ;
Vous croassez sur le plus joli ton !
Ce mot si doux exprime bien la chose :
N'auriez-vous point aussi de l'orgueil une dose ?
Un censeur croit être parfait ;
Souvent il attrape son fait :
Celui que sa critique outrage,
Dit qu'un mauvais railleur est un sot personnage.