L'Aquilon, des oiseaux avait juré la perte ;
De neige et de glaçons la terre était couverte.
Le plus libertin des Moineaux,
Mourant de froid et de misère,
A ses tristes amours alors ne songeait guère.
L'homme prit ce moment pour tendre ses Gluaux,
Non sans répandre autour une amorce perfide,
Où vient fondre aussitôt maint Oisillon avide.
Dieu sait quelle chère on fit là ;
Bien est-il vrai qu'on s'empêtra
Dans la Glu, mais on s'en tira ;
Le traître accourut vite, et chacun s'envola.
Un seul demeura pris, tout le reste en fut quitte
Pour quelque plume, et se moqua
De qui fit les frais du gala.
A ses dépens on s'égaya,
Quand on fut de retour au gîte.
Un d'eux lui dit, au nom du troupeau parasite :
Ô toi, dont les bienfaits ne font que des appâts,
Tu n'as fait qu'une dupe, et tu fais mille ingrats !

Livre I, fable 12


Un Gluau est un piège à oiseaux fait de planchettes enduites de glu.

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