Dans une cage suspendue
Sous un berceau de pamprés verts,
Philomèle chantait de si lugubres airs,
Que sa sœur l'Hirondelle à sa voix accourue,
Trouva, tout bien considéré,
Que son deuil à ses maux n'était pas mesuré
Vous le savez, ma sœur, votre douleur me tué;
Ne cesserez-vous point de chanter vos malheurs ?
Du fort à votre égard vous outrez les rigueurs :
Mille échos l'ont redit, vous êtes prisonnière ;
Mais votre goût n'est pas de vous donner carrière,
Ce tranquille berceau vous retrace vos bois ;
Les voir, c'est en jouir ; je vous l'ai dit cent fois.
Vous êtes referrée aux bornes d'une cage :
Mais un œil attentif à vos moindres besoins
Doit adoucir votre esclavage,
Laissez-moi respirer du moins,
Ou de vos plaintes éternelles
Contez-moi le sujet. — M'entendrez-vous hélas !
L'oiseau qui fend les airs, ma sœur, ne comprend pas
L'ennui de battre en vain ses côtés de ses ailes.
L'Oiseleur, sans rien dire, au bout de quelques jours
À la pauvre Progné le fit trop bien entendre.
Dans un piège perfide elle se laissa prendre.
Adieu donc mille et mille tours
Dans les airs, sur les eaux, sous le naissant ombrage ;
Il faut tout quitter pour toujours !
Pour jamais on la met en cage !
Progné soupira peu ; sa douleur y pourvut,
Et dès le même soir la pauvrette en mourut.