Avec quelle rigueur nous traita la nature,
Disait l'Abeille à Jupiter !
Nos trésors à grand'peine amassés pour l'hiver,
De l'homme audacieux deviennent la pâture.
Au sein de l'abondance on nous fera périr !
Jupiter, tu vois nos alarmes ;
C'est à toi de nous secourir :
Pour jouir de nos biens, il nous faudrait des armes.
Ce que vous demandez peut vous être fatal,
Reprit le Monarque suprême :
Des armes ? Pauvre infeste !.. ah ! j'ai peur qu'à vous-même
Ce don de ma bonté ne fasse bien du mal.
L'Abeille insiste ; elle est armée.
Mais que lui sert son aiguillon
Et sa piqure envenimée ?
Sa défense aux brigands paraît rébellion,
Et la ruche au pillage est livrée à sa vue :
Si l'Abeille se fâche, elle pique... on la tue.