Deux Princes des forêts, le Lion, l'Éléphant,
Dépouillés de leur sceptre et devenus esclaves,
Du Despote commun reçurent des entraves.
Le Lion furieux dans ses fers s'agitant,
Par ses rugissements épouvanta son Maître :
L'Éléphant le servit sans lui faire paraître
Un courroux dés-lors impuissant ;
Sans murmure, du sort il soutint les caprices ;
Il rendit et bientôt reçut de bons offices ;
L'Homme lui confia même la liberté.
Il n'en abusa point ; par sa fidélité
Il fut chéri vivant et mourut regretté.
Tandis que le Lion ensanglantant ses chaînes,
À travers les barreaux d'une double prison,
Excitait moins d'effroi que de compassion,
Et mettait se comble à ses peines
Pour ne pouvair s'y résigner.
L'Éléphant le plaignait, sans le rendre plus sage ;
Et le voyant périr de l'excès de sa rage :
Malheureux lui dit-il, tu ne fais que régner.