Les deux Pères Jean-Jacques Porchat (1800 - 1864)

Un père, à qui ne plaisaient pas
Les doux conseils de la nature,
Élevait sa progéniture
Comme on gouverne les forçats.

Pour un mot, une peccadille,
Vite le fouet ou la prison,
S’il quittait un jour la maison,
C’était fête dans la famille.

De nombreux enfants entouré,
Près de là vivait un bon père,
Point faible et pourtant point sévère,
Des siens justement adoré.

Il savait qu’on doit au jeune âge
Laisser quelque délassement,
Et lui-même assez fréquemment
Se mêlait à leur badinage.

Un jour son voisin le surprit,
Comme il présidait à leur fête.
Que vois-je ? Perdez-vous l’esprit ?
Dit le grondeur, hochant la tête.

Morbleu, voilà les leçons
Que vous donnez à leur enfance !
Vous encouragez leur licence !
Soit ; tel semeur, telles moissons.

De vos grands mots, dit le bon père,
Je ne suis pas épouvanté
Non, l'enfant de la liberté
Ne fera pas rougir sa mère. »

Livre I, fable 8




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