« Amis, disait l’Abricotier
Aux arbrisseaux du voisinage,
Du printemps je vais, le premier,
Saluer le brillant passage.

Pour vous, de froid toujours transis ;
Sous votre écorce épaisse et dure
Vous demeurez ensevelis,
Quand tout renait dans la nature. »

Il dit, mais soudain l'aquilon
Soufflant sur lui sa froide haleine,
Corrigea son humeur trop vaine,
Et flétrit son premier bouton.

Voila bien le jeune poète.
Faut-il qu’une démangeaison
De briller avant la saison
Nous réveille, et nous inquiète ?

Aux bons fruits que fait la primeur ?
Pourquoi sitôt ? Quel taon nous pique ?
A peine on sort de rhétorique :
On court déjà chez l'imprimeur.

Livre I, fable 10




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