Le Chien, le Cheval et le Chat Jean-Jacques Porchat (1800 - 1864)

Un dogue, un cheval, un matou,
Avaient sous même toit engagé leurs services.
En vrais amis, le dogue et le porte-licou
Se rendaient les meilleurs offices.
Aux mêmes jeux ils se plaisaient ;
Sur même paille ils reposaient;
Ensemble ils allaient en voyage.
Chemin faisant, le chien par ses joyeux abois
Amusait son ami, l’excitait de la voix,
Et de loin sur la route annonçait son passage;
Avec l’hôte des toits il n’était pas si bien :
Aussi dans la maison point de jour sans esclandre.
C’était pour un os, pour un rien,
Un vacarme à ne pas s’entendre.
Quel mal te fait Mitis, et pourquoi ces débats?
Dit enfin le maître à Cerbère.
Comme Pégase, n’est-il pas
Mon serviteur et ton confrère?
Çà désormais plus de tracas,
Et, si tu crains les coups, ne lui fais plus la guerre.
Le dogue répondit : Je crains votre colère ;
Mais à la paix, mon maître, il ne faut pas songer.
Si le chat me laissait ronger
Les os dont après vous je dîne,
S’il m’abandonnait la cuisine
Pour suivre. Pégase au verger,
Toute guerre entre nous serait bientôt finie ;
Mais, jusque-là, point de quartier.

Entre gens de même métier
Rien ne guérit la jalousie.

Livre II, fable 3




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