Un chien, d'une maison champêtre
Serviteur hargneux mais zélé,
Avec le cheval de son maître
Eut, un beau jour, un démêlé.
Le voilà, ce seigneur, ce prince,
Lui dit Barbos, comme il passait.
Pour moi la perte serait mince,
Si de la cour on le chassait !
Mais, après tout, que sait-il faire ?
Porter les gens et labourer ;
Voyez un peu la belle affaire !
Il ose à moi se comparer !
Mais vraiment l'audace est trop forte,
Car enfin, moi, sans nul repos,
Le jour, je garde les troupeaux,
Et, la nuit, je garde hi porte.
— Oui, dit le cheval, ta raison
Sans doute de justesse est pleine ;
Mais, si pourtant, chaque saison,
Je n'allais labourer en plaine,
Tu n'aurais, la chose est certaine,
Rien à garder à la maison.