Un loup, d'un bois voisin s'enfuyant au plus vite,
Courait à travers un hameau.
Le galant, à coup sûr, n'allait pas en visite ;
Près de perdre la vie, il tremblait pour sa peau.
Les chiens et les chasseurs étant à sa poursuite.
Tout en courant, mon loup cherchait, du coin de l'œil.
Un toit hospitalier qui put lui faire accueil.
Par malheur, au verrou toute porte était close.
Soudain il aperçoit un chat
Qui , tranquille, et d'un air béat,
Sur un mur d'enclos se repose,
« Yaska, mon bon Vaska, dis-moi, sans trop tarder.
Si, dans l'affreux péril où mon malheur m'expose.
Tu connais un mougik qui soit prêt à m'aider.
Entends-tu les abois de la meute en furie
Et les sons effrayants du cor ?
C'est après moi qu'on court, et contre moi qu'on crie !
— Stéphane, dit le chat, peut te sauver encor ;
Va vile l'en prier : c'est, dit-on, un cœur d'or.
— Oui , sans doute ; mais chez Stéphane
J'ai pris , l'autre jour, un mouton.
— Eh bien , tu peux alors te risquer chez Demiane.
— Non pas ! J'ai pris son bouc ; il m'en veut fort, dit-on.
Et j'ai peur de quelque chicane.
— Va donc trouver Ivan , dont voici la maison.
— Ivan ! mais avec lui je crains une entrevue.
Pour certaine brebis qu'il n'a jamais revue,
Vers le printemps dernier, il m'a cherché raison.
— Ça va mal! Mais chez Klime on t'ouvrira, je pense.
— Hélas ! chez Klime, un jour, j'ai mis en pièce un veau,
Mon bon Vaska. — Qu'entends-je? Eh! voilà du nouveau !
Chez ceux que tu pillas tu viens chercher défense !
Tu les crois donc bien sots? Penses-tu qu'ils soient prêts
A te prêter secours contre leurs intérêts ?
Non certe, et c'est bien fait ! ne t'en prends qu'à toi-même ;
De tes délits solde les frais : On récolte ce que Ton sème.