L'autre jour, entre un boulanger
Et son voisin le chaudronnier,
Survint une querelle vive :
Il s'agissait des droits, de la prérogative,
De l'honneur du métier.
On s'échauffait : lorsqu'un homme fort sage
Qui, par hasard, passait au même instant,
Leur dit : ah ! mes amis, pourquoi tant de tapage ?
Oubliez, croyez-moi, votre ressentiment ;
L'homme à l'homme est nécessaire ;
Seul, tous ses efforts sont vains ;
Et chacun est tributaire
Des talents de ses voisins.
A vivre unis je vous invite ;
Car si l'un de vous, quand j'ai faim,
Pour ma soupe, donne le pain,
L'autre me fournit la marmite.