Un perroquet,
Babillait, babillait sans cesse,
Et son caquet
Paraissait plein de gentillesse.
Perché sur une branche, admis dans le salon
Avec la bonne compagnie,
On eût dit que de la maison
Il faisait les honneurs, car sa galanterie
D'un bonjour, d'un bonsoir et de maints compliments
Vous saluait chaque visite.
Il répétait chaque parole :
Oui, non, Monsieur, Madame, il pleut, il fait beau temps.
L'oiseau fêté, choyé, goûtait un sort prospère ;
Mais il advint que son maître mourut.
Nouveau maître survint, d'un autre caractère,
D'humeur austère.
Dans le logis à peine introduit, il voulut
Examiner avec soin chaque chose.
« Quel est cet animal, dit- il, qui toujours cause ?
Il parle, a- t-il de la raison ?
À quoi sert-il dans la maison ? »
Le pauvre perroquet voyait sur le visage
De son maître nouveau s'annoncer quelque orage.
Inquiet, il répétait son plus beau compliment ;
Il épuisait son rudiment.
En vain l'autre voulait vaquer à quelque affaire,
Perroquet l'obsédait toujours de son jargon.
Le maître enfin lui dit : « Veux-tu te taire ? »
A tout hasard l'oiseau s'écria : non.
« Veux- tu, maudit bavard, qu'on t'ôte la parole ? »
Oui, répond perroquet, sans savoir ce qu'il dit.
Eh bien ! reprend le maître, emportez la bestiole,
Qu'on lui torde le cou !
Le pauvre oiseau périt.
Dire des mots vides de choses,
Parler sans réfléchir, est le rôle des sots.
En jetant au hasard de futiles propos,
Plus que tu ne crois, tu t'exposes.