Le Serin et le Perroquet Pierre Chevallier (1794 - 1892)

Qu'il est douloureux, mon chagrin !
Se disait tout haut un serin ;
Depuis quelque temps ma maîtresse
Du matin au soir me délaisse,
N'a plus pour moi le moindre soin,
Me laisse souvent même en un pressant besoin.
Quand je lui fus donné, dans sa vive allégresse,
Elle avait bien promis d'être à moi pour toujours.
J'étais son chéri, ses amours.
Vainement aujourd'hui je cherche a lui complaire,
Par mes plus joyeux chants je cherche à la distraire,
Je De peux plus toucher son cœur.
Insensible à ma tendre ardeur,
Elle n'y répond plus que par l'indifférence.
Que ne puis-je savoir pourquoi !
Un perroquet, témoin de celte doléance,
Lui dit : —Cher camarade, apprends-le donc de moi.
Etant dans ma jeunesse à la cour d'un grand roi,
J'entendis certain soir sa maîtresse chérie
D'un éternel amour lui faire le serment.
— Ne jurez point cela : Femme souvent varie,
Répondit l'incrédule amant.

Livre IV, fable 5




Commentaires